La courtisane Miyahito, par le peintre Utamaro. 

 

Publié en octobre 2024

 

 Du 1er octobre au 7 décembre 2024, 40 estampes japonaises provenant des collections du Musée muséum départemental des Hautes-Alpes sont exposées dans la galerie municipale d'art de la ville de Chamalières (Puy-de-Dôme). C'est l'occasion pour nous de vous faire (re)découvrir l'histoire de ces collections haut-alpines, et de vous présenter l'une des estampes : le portrait d'une courtisane réalisé par le peintre Utamaro à la fin du 18e siècle. 

 

Un peu de Japon dans les Hautes-Alpes

 

Le Musée muséum départemental conserve une collection de 107 estampes japonaises : des gravures sur bois colorées dont certaines sont très célèbres, comme La grande vague de Kanagawa d'Hokusai. On ne s'attend pas à les trouver dans les Hautes-Alpes ! Comment sont-elles arrivées jusqu'à nous ? 

 

Hokusai, La grande vague de Kanagawa, 1831-1833. MMDHA

 

Elles ont été léguées au Département en 1937 par Antoine Rous, marquis de La Mazelière (1864-1937), grand amateur de l’Asie. Antoine de La Mazelière appartient à une famille fortunée originaire de l'Embrunais (Hautes-Alpes). Bien qu’ayant passé sa jeunesse à Paris, il conserve toute sa vie un lien étroit avec les Hautes-Alpes. C’est un homme curieux de nature, qui s’intéresse en particulier à l'art.

 

Antoine Rous de la Mazelière. ADHA

 

Il développe une passion pour les civilisations orientales, et voyage en Orient dans les années 1890. Particulièrement attiré par le Japon, il y séjourne pendant plusieurs mois. À son retour en France, il se consacre à l'écriture d'ouvrages sur l'histoire et l'histoire de l'art, dont une grande Histoire du Japon en 8 volumes.  

Les œuvres qu'Antoine de la Mazelière collectionne tout au long de sa vie proviennent surtout d'Europe. Les estampes japonaises ne forment qu’une petite partie de sa collection. La plupart d'entre elles sont signées par de grands noms comme Hokusai ou Hiroshige. Nous ne savons pas si elles ont été achetées en Asie ou en Europe.

 

Une estampe d'Utamaro

 

Issue de la collection La Mazelière, l'estampe que nous avons choisi de vous présenter s'intitule Courtisane Miyahito de la maison verte Ôgiya, et a été réalisée par l'artiste Kitagawa Utamaro (1753-1806).   

 

Courtisane Miyahito de la maison verte Ôgiya. MMDHA

 

Utamaro est un artiste réputé de l'estampe japonaise. Cet art, né à l'époque d'Edo (vers 1600-1868), est appelé en japonais ukiyo-e : littéralement "images d'un monde flottant". Apparues à une époque d'essor et d'effervescence urbaines, les estampes représentent la vie quotidienne, les divertissements, des acteurs, des courtisanes, des sujets érotiques, plus tard des paysages. Ce sont des images diffusées largement, sous forme de quelques impressions luxueuses et de nombreuses impressions bon marché. Elles deviendront très prisées en Europe au 19e siècle. 

Utamaro est connu pour avoir renouvelé le portrait féminin, en faisant des plans rapprochés de ses sujets. Il a entre autres représenté les oiran, courtisanes de haut rang des maisons vertes (les établissements de plaisir), à l'intérieur du quartier Yoshiwara réservé à la prostitution dans la ville d'Edo, l'ancien nom de Tokyo. 

 

utamaro peintre maisons vertesGravure d'Utamaro illustrant l'Almanach des maisons vertes, 1804. Un peintre (Utamaro lui-même ?) peignant sur le mur d'une maison verte. BnF

 

Le portrait de la courtisane Miyahito fait partie d'une série où des courtisanes célèbres du Yoshiwara sont représentées mi-corps sur un fond blanc. 

Il existe plusieurs versions de la gravure représentant Miyahito, avec des couleurs et des motifs de vêtements variés. Les oiran étaient coiffées avec de grandes épingles et vêtues de façon très voyante ; leurs tenues influençaient la mode. Ici, Miyahito porte un kimono beige et un uchikake (manteau) bleu orné d'un éventail ogi (éventail pliant), qui est le blason de sa maison (Ôgiya). Elle tient ses mains dans les plis d'un obi (ceinture) tricolore aux motifs de dragons.

 

estampe details montageDétails de l'estampe.

 

Certaines versions de l'estampe portent des cartouches contenant des noms et un poème. Ce n'est pas le cas de l'estampe du Musée. 

 

estampe courtisane carre estompe

les liens

 

  • Découvrez les estampes japonaises de la collection La Mazelière en ligne sur le site du Musée muséum départemental des Hautes-Alpes, parmi lesquelles une autre estampe d'Utamaro.
  • La Bibliothèque nationale de France (BnF) a consacré tout un dossier aux estampes japonaises sur son site Les Essentiels. Retrouvez-y des explications sur les techniques de l'estampe japonaise, des albums, et des thèmes : les paysages, le théâtre et le sumo, les beautés féminines et la vie quotidienne...

 

estampe courtisane carre estompe

les références

 

ARTHAUD Louis, Collection de Mr le marquis de La Mazelière. État sommaire, 1942

GONCOURT Edmond de, Outamaro, le peintre des maisons vertes, 1891 

AUBERT Louis,  Les Maîtres de l'estampe japonaise, 1914

 

ADHA : Archives départementales des Hautes-Alpes

BnF : source gallica.bnf.fr / BnF

MMDHA : source collections-musee.hautes-alpes.fr / Musée Muséum départemental des Hautes-Alpes