Le château fort en images : plans, dessins, gravures et photographies anciennes.
Publié en avril 2024
Mis à jour en octobre 2024
Dans les Hautes-Alpes, Fort Queyras, composé d'un château entouré de fortifications, est l'un des rares exemples conservés d'ouvrage médiéval remanié par Vauban au 18e siècle. Construit en haut d'un roc au cœur de la vallée du Queyras, environné des villages de Château-Queyras, de Ville-Vieille et de plusieurs hameaux, le fort veille sur la vallée et sur la rivière du Guil qui serpente à ses pieds.
Localisation de Fort Queyras : les voies d'accès et de communication de la vallée du Queyras. Extrait de Dauphiné Briançonnais, le tourisme dans les Hautes-Alpes, 1911. ADHA
Identifié comme un lieu marquant du Queyras, et plus largement du département des Hautes-Alpes, le fort a été de nombreuses fois représenté : d'abord sur des plans et cartes, puis dans des livres de géographie, des guides touristiques, ou encore sur des cartes postales. Nous vous proposons un échantillon de ces images, qui tentent toutes de rendre le caractère pittoresque du site. Bon voyage en Queyras !
Les cartes et plans
Ouvrage militaire, le château de Queyras apparaît sur les cartes et les plans dressés pendant l'époque moderne pour rendre compte des ouvrages de défense présents en Dauphiné, région frontière stratégique. Il est décrit parmi les bâtiments militaires aménagés par Sébastien Le Prestre de Vauban, célèbre architecte militaire de l'époque de Louis XIV. Vauban a fait ajouter entre autres une enceinte fortifiée autour de l'ancien château médiéval.
Plan du « chasteau de Queyras » au début des travaux de fortification : en rose, château médiéval et début de fortification, en gris, fortifications à venir. Extrait de Recueil des plans des places du royaume (...) faits en l'an 1693. BnF
Plus tard au 19e siècle, l'Atlas national illustré des 86 départements (...), dans lequel chaque département est représenté par une carte augmentée d'illustrations, identifie Château-Queyras comme édifice symbolique des Hautes-Alpes. Le château-fort y est décrit comme l'une des curiosités dignes d'intérêt du département, et apparaît sur l'illustration.
Carte du département des Hautes-Alpes, et détail. Extrait de LEVASSEUR Victor, Atlas national illustré des 86 départements (...), 1845. BnF
Le fort vu de l'est ou vu de l'ouest
Fort Queyras peut être abordé par l'est, où se trouve l'entrée principale du bâtiment, ou par l'ouest, qui donne sur un fossé. Voici, dans les Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France (1854), deux gravures qui montrent le « château du Queraz » comme il est nommé, et les éléments de paysage depuis ces deux points de vue.
Depuis l'est, sont visibles au premier plan les habitations du village de Château-Queyras, dont on reconnaît l'église, ainsi qu'un pont de pierre qui permet de traverser la rivière du Guil.
Vue de l'est : pont sur le Guil, et Château-Queyras au premier plan. BnF
Depuis l'ouest, un petit édifice occupe le premier plan : c'est la chapelle Notre-Dame-de-l'Assomption flanquée de son cimetière, à côté d'une tour en ruine, vestiges d'un ancien couvent ; à droite de la chapelle, les gorges du Guil sur lesquelles passe un pont avec un garde-corps.
Vue de l'ouest : chapelle Notre-Dame, ruines et pont sur les gorges du Guil. BnF
Les gravures romantiques
Un château aux allures médiévales, posé dans un écrin de nature majestueux... tous les ingrédients sont réunis pour faire de Fort Queyras un sujet de prédilection pour les artistes du courant romantique au 19e siècle. Sur la carte de Levasseur reproduite un peu plus haut, qui date de cette période, le château est décrit en ces termes :
Le Château de Queyras assis au milieu de la vallée sur un rocher aigu. D'un côté du château s'ouvre une hideuse gorge où mugit un torrent, de l'autre se dressent d'âpres falaises, l'ensemble du site a un aspect sauvage et grandiose.
Les deux gravures précédentes, tirées des Voyages pittoresques et romantiques dans l'ancienne France, fournissent un excellent exemple d'illustrations romantiques. En voici d'autres, extraites d'ouvrages tout aussi magnifiquement illustrés. Nous ne pouvons que vous conseiller de les feuilleter en cliquant sur les images !
Vue de l'ouest. Extrait de CASSIEN et DEBELLE, Album du Dauphiné, 1835-1839. ADHA
Vue de l'est. Mise en scène avec calvaire et procession dans ce livre au thème religieux. Extrait de BEATTIE W., Les vallées vaudoises pittoresques, 1838. BnF
Vue de l'est. Extrait de Views on the departement of the Isere (...), 1840. ADHA
Les ouvrages sur la montagne et les guides touristiques
À partir de la seconde moitié du 19e siècle, le tourisme se développe, ainsi que des « clubs » qui font la promotion de la montagne, au premier rang desquels se placent le CAF (Club alpin français) et le Touring Club. Par ailleurs, l'amélioration des techniques de photographie et des procédés de reproduction des images, permettent la présence de plus en plus importante d'illustrations dans les brochures publiées : bulletins et revues d'associations, guides touristiques édités par les syndicats d'initiative, etc.
Vue de l'ouest. Extrait de JOANNE Adolphe, Géographie du département des Hautes-Alpes, 1879. ADHA
Vue de l'est. Extrait de CHABRAND Jean-Armand, De Guillestre au Château-Queyras par la Combe du Guil, 1864. ADHA
Dans l'Annuaire du Club alpin français de 1875, Émile Guigues, artiste embrunais et membre de la toute jeune sous-section d'Embrun du CAF (créée en juillet 1875), nous invite à une petite excursion dans le Queyras. Le chemin passe par le fort :
Puis, tout à coup, [...] les immenses contre-forts des montagnes se rapprochent brusquement et vous longez le torrent entre deux murs de pierre où le soleil ne peut parvenir jusqu'à vous ; où l'on ne respirait que tout juste il y a une trentaine d'années, alors que la route n'était tracée que pour les piétons.
Plus loin, le changement est plus inattendu encore : après un petit gripet pour contourner un rocher, on voit tout à coup s'élever sur son piton les créneaux et les tours engagées du fort Queyras. C'est d'un effet curieux au possible.
Vue de l'ouest, deux dessins d'Émile Guigues : extrais de l'Annuaire du Club alpin français, 1875, et de CHABRAND Armand, Congrès du Club alpin français, 1887. BnF
Vue de l'ouest. Extrait de Touring Club de France, La route des Alpes, 1913-1920. BnF
Les cartes postales
En terme de carte postale, nous n'avons que l'embarras du choix ! En effet, les cartes postales ont été beaucoup utilisées et produites en très grand nombre au début du 20e siècle. Voici, pour changer de perspective, deux gros plans du fort.
Extrait de Vallée du Queyras, station estivale, ensemble de cartes postales des éditions V. Fournier, vers 1910. ADHA
Entrée du Fort Queyras, carte postale vers 1910. ADHA
Original et en couleurs !
Pour finir sur une note originale, voici notre fort représenté sur... l'étiquette d'un fromage. La Laiterie briançonnaise, entreprise de collecte et de transformation du lait active à partir des années 1880 dans les Hautes-Alpes, possède plusieurs succursales, dont une dans le Queyras. Elle propose différents produits : du beurre, de la crème, et des fromages, parmi lesquels un fromage nommé « Le Queyras ». Son étiquette porte la vue du fort depuis Château-Queyras que nous connaissons bien désormais !
Étiquette de la Laiterie briançonnaise, début 20e siècle. ADHA, cote Z GUILLEMIN 6808
les liens
- Il y en a d'autres... Retrouvez 100 images supplémentaires de Fort Queyras sur le site des Archives des Hautes-Alpes.
les références
- Dossier d'œuvre sur Fort Queyras de l'inventaire général de la région PACA.
- Dossier d'œuvre de la chapelle Notre-Dame-de-l'Assomption de l'inventaire général de la région PACA.
- MOUSTIER Philippe, « Production laitière, fruitières et mouvement coopératif dans les Alpes du Sud (1850-1950) », in Engagements : Culture politique, guerres, mémoires, monde du travail. XVIIIe-XXIe siècle, 2016.
- Voir aussi l'étiquette publicitaire pour la Laiterie briançonnaise dans Briançon, VIe concours régional de sports d'hiver, 1923.
ADHA : source archives.hautes-alpes.fr / Archives départementales des Hautes-Alpes
BnF : source gallica.bnf.fr / BnF
